Fleurs

FLEURS
Formes mortelles d’aujourd’hui
Métamorphoses immortelles d’hier
Débris visibles de l’avenir terrestre
Aube du temps
Résurrection du corps
Chorégraphie de l’iris
Parfum des souvenirs sur la poitrine du monde

Eleni Kallistou
Bruxelles, 23 octobre 2017

Méandre d’argent

Le fil de ma pensée se déroule
C’est toi qui en tiens obstinément le bout
Je me perds dans tes méandres
Mes neurones résistent
Tirent, revendiquent
Le fil que tu commandes

Résistance vaine
Inutile lutte
Seul ton bout
a le pouvoir de traverser
Le labyrinthe de mon crâne

Toi, seul toi, tu peux terrasser
Le monstre du désir

Entrons ensemble dans les méandres
Nous en sortirons ou nous y mourrons… Ensemble….

Bruxelles, 26-2-2016

Énigme

Énigme

Je suis
Moi
La force originelle qui vient du néant
La secante et la coupante…
La tranchante…
Le danger et le péril avant l’ oubli
La source qui revigore
Le cri qui assassine
J’ai les pleins pouvoirs !
Arbitraire, j’effarouche
Tue, je tranquillise
Saignante, j’entache
Nul salut sans moi
L’innocente sainte
La pudique vierge
Et la nymphe dévergondée

Qui suis-je ?
On m’appelle langue.
Langue pour vous servir!

Bruxelles, 20 mars 2017

Points de suspension

Points de suspension

Quand le soleil aura tourné
L ‘échine
À l’iris de la lune

Quand la terre aura versé
Ses larmes
Dans le lac de la vergogne

Quand Amour
Aura effleuré de ses paupières
Les tresses de Psyché

Quand les souffles auront expiré
Leur départ
Dans l’eau du marécage

Quand les chenilles auront ouvert
leurs ailes
Au tourbillon de la brise

Quand le printemps aura séché
Son pollen
Au sous-sol des tiges

Alors…

Alors
La fin de notre monde visible
Aura sonné

Alors
Ce sera le moment
Du “Je t’aime”

Sans points d’interrogation
Sans points d’exclamation
Sans points

Avec des points de suspension

Quand…
Seulement alors
“Je t’aime….”

Quand les mots se taisent

Quand les mots se taisent
Les étoiles perdent leur éclat
Il est temps
De chuchoter
De murmurer
Les lois du corps
Les règles de la chair

Le rythme effréné d’une musique étouffée
Danse
Sur les doigts

Les cymbales du silence
Orchestrent
La symphonie sourde
Du jour qui se lève

Alors
L: aube dit:
“Je t’aime”
Et le crépuscule répond:
“Je t’aimerai’

Nous sommes arrivés à la lumière

Nous sommes arrivés à la lumière
Des couleurs nous ont transpercés
Des images sacrées nous ont ébranlés
Notre pensée s’est perdue dans le Labyrinthe de l’Histoire
La Grèce, Ariane d’hier et d’aujourd’hui nous a offert son fil.
Vainqueurs, nous sommes sortis du Labyrinthe.
Nous avons terrassé le Minotaure de l’oubli.

Bruxelles, 30 avril 2017

Fragments

Fragments

Il désirait ardemment
Traverser les zones interdites
S’élever au dessus des ruines
Mettre sa mémoire en perpétuel fonctionnement
Afin de préserver tous les fragments de la vérité
Il les a égarés sur les scènes du monde…
De masque en masque
De stichomythie en stichomythie
De rideau en rideau
Il a, pourtant, cru, l’espace d’un instant,
les avoir identifiés
dans le retentissement des applaudissements!
Il s’était trompé
C’étaient les soufflets
de ses admirateurs…
À la sortie il n’a préservé qu’un seul fragment, intact:
Son cercueil

Musée vivant

Musée vivant

Il était toujours ainsi
Le mur de notre esprit.
Un musée vivant, vrai.
Nous y avions toujours recours…
Tu y a eu recours, obstinément
Au théâtre d’ombres de notre mémoire.
Des géographies perdues qui cherchent leur Ulysse…
Imaginaires.
Toujours ainsi.
C’est ainsi que survivront les fragments des souvenirs.
“Penche-toi et regarde-les”
Comme un célèbre triptyque.
Premier panneau: des maisons en pierre gravées dans la poitrine de Zeus.
Deuxième panneau: des eaux bleues d’été.
Troisième panneau: des figures immigrées, des joyaux exilés.
Toujours dans la zone du crépuscule notre pensée, aux limbes.
Pas de morceaux pour nous.
Notre vie un musée.
Y sont exposées toutes nos œuvres
Notre vie un musée vivant
Qui n’a jamais cessé d’accueillir des visiteurs.

ECHO

Le silence est l’écho de tous les mots, comme le blanc est le mélange de toutes les couleurs. Et Moi? Moi, je suis toujours suspendue entre le silence et les mots, entre le blanc et les couleurs, entre le néant et l’infini!
Bruxelles, mai 2017